Catherine BOUDET
Catherine Boudet, née le 30 août 1968 à Saint-Denis de La Réunion, vit et travaille, depuis 2009, à l’Île Maurice, comme journaliste, après avoir enseigné dix ans à l’Université de La Réunion. Politologue, Catherine Boudet est l’auteure d’une thèse de doctorat sur l’émigration des Mauriciens d’origine française en Afrique du Sud et de nombreux articles sur les problématiques de l’identité et de la construction nationale à Maurice. Sa thèse développe une nouvelle théorie des diasporas, montrant que Maurice constitue le creuset d’une forme diasporique inédite, qu’elle a appelé la diaspora « pollinisée », sur le modèle du pollen qui se dissémine au vent.
Journaliste, Catherine Boudet écrit dans la presse mauricienne sur des sujets sociaux, politiques, littéraires ; et toujours sans concession, ce qui fit d’elle, en 2013, la victime d’une arrestation et d’une détention illégales, arbitraires. Catherine Boudet a dénoncé le traitement abusif de la police, qui a porté préjudice à sa personne tout en violant ses droits constitutionnels. Cette poète, pourtant d’apparence menue - mais les apparences sont souvent trompeuses – est un volcan réunionnais, ne l’oublions pas. Sans surprise, c’est la poésie, qu’elle écrit depuis l’âge de quatorze ans, qui prédomine chez elle. L’univers insulaire est bien présent, mais la poète se garde bien des clichés liés au métissage et à la créolité. C’est de manière intimiste que Catherine Boudet taille à vif dans l’identité, à grands renfort de mots polis ou bruts, ces « sanctuaires dans le culte du vide ».
Catherine Boudet dit, elle-même, que « la vraie Poésie vous projette comme le souffle du volcan ! », avant de poursuivre : « La Poésie est votre vêtement intérieur de pureté. On pourra toujours jeter de la boue sur vos vêtements extérieurs, jamais sur votre Poésie. La Poésie est votre ciment intérieur. Ce pouvoir constructeur de la Poésie, Paul Éluard l’a nommé « Liberté ». Toutes les chaînes du monde ne pourront vous empêcher de faire de la Poésie. Sauf celles que vous vous êtes imposées à vous-mêmes, les chaînes de la Pensée Unique, les chaînes de la cupidité, de la duplicité, les chaînes de la lâcheté et des egos mal mesurés. Ces chaînes-là vous étoufferont plus sûrement que tous les esclavages, car elles vous gardent prisonnier du matériel, de la facilité, des apparences à préserver à tout prix aux dépens de son prochain. » Le mot, ce seul sanctuaire dans le culte du vide.
Karel HADEK
(Revue Les Hommes sans Epaules).
À lire : Résîliences (L’Harmattan, 2007), Le barattage de la mer de lait (Ndze, 2009), Nos éparses nos sulfureuses, préface d’Ananda Devi (Acoria, 2010), Haïkons, petits poèmes à emporter (Kirographaires, 2012), Les laves bleues, Calligraphie des silences (Souffles, 2012), Grand Prix de poésie Joseph Delteil 2012, Pagana, illustrations de Robert Lobet (La Margeride, 2013), Bourbon hologramme (L’Harmattan, 2013), Pages mauriciennes, chroniques journalistiques de l’île Maurice (Édilivre, 2013), Le manifeste de la pensée longaniste (Édilivre, 2014), Journal du Gardien des Horizons (L’Harmattan, 2015), Le psaume à deux visages, avec Marc Granier (Éditions des Monteils, 2016).
Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules
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Dossier : Edouard J. MAUNICK, le poète ensoleillé vif n° 53 |